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Les Anges Vagabonds
16 juillet 2007

L’Embouteillage.

Toute ressemblance avec des personnes réelles serait purement fortuite

           Je me suis tapé 45 minutes de voiture pour qu’on me dise que mon rendez-vous est reporté. Dire que j’avais réservé ma journée, maintenant elle est bien niqué, ma journée. Je remonte dans ma caisse. Avant de démarrer j’allume une clope et je mets la radio, que des chansons fades, milles fois entendues qui ne me procurent plus aucune émotion. Je démarre, pressé de rentrer chez moi avec une folle envie de ne rien faire. Je m’engage dans ce qui doit être le boulevard le plus fréquenté de Nice. Y’a des travaux, donc embouteillages, la file de voiture devant moi est plus longue que la verge de Yannick Noah. Le soleil tape côté conducteur, mais j’ai la flemme d’enlever mon manteau. Je finis par le faire quand je sens la sueur perler sous mes aisselles. Ca n’avance pas, mais alors pas du tout. Ce feu, infatigablement rouge, ces ouvriers arabes et portugais qui semblent ne rien faire, cet employeur qui a une urgence au dernier moment, est ce que tout ça aurait été mis en place uniquement pour me faire chier ? Un moment cette hypothèse de conspiration me semble être la version la plus  rationnelle. Je change de radio et rallume une clope. J’ouvre la fenêtre et envoie un mélange de goudron et d’air climatisé dans l’atmosphère le tout accompagné par une chanson de merde. Depuis 15 minutes que je suis là, je n’ai pas l’impression que le feu soit passé au vert. Je commence à me tortiller dans tous les sens, comme pris dans un filet. Je ne peux rien faire, ni marche arrière, ni demi tour, ni me garer. Je commence à boxer mon volant, mais ça m’énerve encore plus car celui-ci n’est pas moelleux et me fait mal aux poings. Je me surprends à rêver d’avoir une voiture volante pour surpasser tout ces glands qui comme moi attendent leur tour. Ouais, une voiture volante, comme celle du rouquin dans Harry Potter. Ca me fait penser, est ce qu’un roux peut porter plainte pour discrimination si on lui refuse un emploi, ou un logement ou l’entrée en boîte de nuit à cause du seul fait qu’il soit roux. Probablement pas, on lui dirait que ses ancêtres rouquins n’ont pas subi l’esclavage et qu’il doit donc accepter de l’avoir dans le cul. Je note ça dans ma tête en sachant pertinemment que je n’irais jamais vérifier. Je change de radio et je fume clope sur clope, j’en ai presque la nausée. Etre bloqué dans un embouteillage ça me donne des envies de meurtres. J’imagine que le scénariste de Chute Libre a du être pris dans un putain d’embouteillage et que ça lui a donné l’envie de sortir de sa voiture pour aller envoyer se faire foutre à coups de flingue le moindre branleur qui se serait dressé sur son passage. Y’en a que le bonheur inspire, ce mec là ça doit être la frustration. Et c’est vrai que je ne demande qu’un peu d’action cinématographique. Genre, une petite racaille de 16 ans tente de me voler à la portière, et là je sors mon colt python 357 magnum (chromé le colt) de la boîte à gant et je lui fais sauter la cervelle à l’intérieur de son casque, puis je descends de ma voiture pour abattre de sang froid son complice qui attend sur un scooter volé. Pendant que je dépoussière l’épaulette de mon costar noir et blanc, la caméra fait un close-up sur mon visage. Une petite musique commence, un truc bien péchu avec une grosse ligne de basse. Je remet mes Ray-Ban Aviator et m’allume une cigarette avec un gros zippo. Et là arrêt sur image, début du générique. Mais je n’ai pas de colt dans ma boîte à gant, ni de Ray-Ban, et je ne porte pas de costar noir et blanc. Et si une petite racaille de 16 ans tenter de me voler à la portière, je me demande bien comment je réagirais. Depuis le début j’ai peut-être avancé d’une dizaine de mètres. Suis-je le seul à perdre patience, ou bien tous les autres trouvent la situation normal. Je laisse mon esprit vagabonder.  J’essaye de me rappeler du dernier film que j’ai vu au cinéma, mais impossible de m’en souvenir. Tout ce dont je me souviens, c’est que j’étais avec ma copine et que c’était quelques jours avant qu’elle me largue sans crier gare. Pour ne pas révéler son identité nous l’appellerons la « grosse pute » . C’est vrai que sur le coup je l’ai joué tranquille, genre : « ok, je comprends,…mais oui bien sûr qu’on reste amis. » . Mais c’était avant de prendre du recul et d’être arrivé à la conclusion simple et évidente que ce n’est qu’une grosse pute. D’ailleurs, c’est bientôt son anniversaire, j’ai déjà prévu de ne pas l’appeler et logiquement de pas lui acheter de cadeau. En vérité, j’aimerais l’appeler pour lui dire : « Salut grosse pute, je ne te souhaite pas un joyeux anniversaire. J’ai hâte de te voir pour ne pas te donner de cadeau ! » Mais ça serait perçu par ses copines, qui sont aussi mes copines, comme un acte complètement con et puéril, et ça me grillerais totalement mes chances de me taper l’une d’elles. Et Dieu sait que je me taperai volontiers sa meilleure amie pour qu’elle comprenne à quel point je pense que c’est une grosse pute et à quel point je suis déterminé à lui faire du mal. Elle m’a fait comprendre qu’elle avait besoin de changer d’air, pour peut-être se rendre compte de la chance qu’elle a de m’avoir. Dans son langage, sa veut dire qu’elle veut se faire troncher par un panel de bites suffisamment large pour pouvoir s’engager avec un mec sans regrets. Je ne souhaite que ça, qu’elle enchaîne les branleurs ratés dénués de personnalité pour enfin revenir en rampant à mes pieds. Et là je me ferais un plaisir de l’envoyer se faire foutre. Mais je me fais des films, elle m’a déjà oublié et au moment ou je vous parle, elle est sans doute au fond d’un train, ou d’un vieux grenier, en train de se faire ramoner par un nègre avec une bite de la taille d’un bras d’enfant. Néanmoins, conne comme elle est, je l’imagine m’inviter à son mariage, juste pour que je lui dise : « Je ne te félicite pas. Je vous souhaite tout le malheur du monde à toi et à ton branleur de mari, et au fait ? T’as réussi à avoir un orgasme ou t’es toujours bloqué ? Non ? Quel dommage ! Et oui je repensais à ça au moment ou j’allais venir sur le visage de ta mère… » . Je décide de penser à autre chose, effrayé par ce que pourrait inventer mon esprit tordu. Au loin on entend une guerre de klaxons. Un scooter remonte sereinement la file de voiture, j’aimerais être à sa place. Je change de radio, je rallume une clope. Le feu est toujours rouge.

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