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Les Anges Vagabonds

23 janvier 2009

interieur nuit

quatre heures que je suis dans mon lit je ne dors pas 5h du matin et je me lève à 6h30 ça sert plus à grand chose de rester couché je devrais me lever tout de suite profiter de ce temps pour faire quelque chose la musique était trop forte je pouvais pas dormir non j’avais baissé le son c’était au minimum je peux tout entendre à cette heure ci dans le silence de leur sommeil je vois tout les murs le plafond le placard le bureau tout ce qui se trouve dans la chambre quand la lumière est éteinte 4 heures les yeux ouverts dans le noir sans bouger j’attends que l’heure de me lever arrive sans bouger comme on attend la mort seul dans cette chambre depuis trop longtemps alors je sors et il n’est pas encore 5h30 je passe un peignoir par dessus mon caleçon et je vais à la cuisine pas besoin d’allumer la lumière je connais le chemin quelques lumières arrivent de la rue elles passent par la fenêtre on ne voit plus les étoiles en ville une voiture passe et ses phares par la fenêtre se reflètent j’ouvre le frigo lumière encore je prends une bière je ne sais pas quoi faire d’autre dans le salon dans un fauteuil mon paquet de cigarettes toujours sur la table j’en allume une le temps passe mes colocataires se lèvent se lavent mangent et s’en vont je reste dans le fauteuil je ne veux pas en sortir il est 8h maintenant déjà trop tard deux heures de plus je n’ai pas bougé je ne dors pas le téléphone sonne le taf la secrétaire vous n’êtes pas venu depuis trois jours vous allez bien ? je raccroche sans réponde je me lève prends une bière et je n’ai pas à attendre cinq minutes de plus le téléphone sonne encore le taf le boss cette fois un petit boss de merde trois personnes lui obéissent parfois une petite merde importante à ses yeux ceux de sa femme et de son chien pourquoi vous ne venez plus ? allez vous faire foutre je ne raccroche pas quoi ? je répète silence puis il se reprend pas la peine de venir demain vous n’êtes plus le bienvenue

Au moins demain quelque chose sera différent .

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23 janvier 2009

I'm not down

''I’m not down'' la semaine dernière.

Je lançais ce morceau sur la chaîne vers 7h15, j’éteignais à 7h20 juste avant de sortir prendre le bus. Il faisait froid.


A la fac : « T’as pas l’air bien réveillé » ou « T‘as pas l’air bien ».

Alors je prends un  café et je vide la flasque dedans, un peu.

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Je remets le morceau le soir. Je suis cassé. Juste bon à m’abrutir devant la télé et l’ordi et l’impression de vivre en plein 7e Reich se renforce à chaque fois.

Je remets le morceau avant de me coucher. I’m not down. J’essaye de m’en convaincre.

C’est bientôt fini. Quelques semaines puis le stage - que je ferai sur la fac, mon manque de motivation et leur incompétence – et le monde merveilleux du travail salarié commence enfin. J’ai pas  me plaindre. Mes études me permettront de ne pas connaître la précarité, de bien gagner ma vie, si j’en fais le choix. Trop de renoncements associés à ce choix mais ne les ai-je pas déjà fait en rentrant dans cette grande école créatrice d’élite ? Souvent j’aimerais n’avoir rien à perdre. Nostalgique de la boue.

Je croise une manif de lycéen. Pas déclarée la manif, je les aime bien les lycéens quand ils manifestent. Ils sont encerclés sur une place. Les CRS sont plus nombreux qu’eux. Je traverse les rangs de CRS et rentre sur la place, continue jusqu’au centre. Ça se met à courir autour de moi. Ça charge. Je continue ma marche tranquillement presque immobile au milieu de leurs courses. De l’autre coté de la place, à nouveau des CRS et je passe de l’autre coté, laissant les lycéens seuls avec leur lutte. Il fait trop froid pour courir et se battre. Pas facile de parler de politique pour moi, d’en faire aussi. Entre crises et insurrections, il pourrait y avoir de l’espoir. J’arrive pas vraiment à y croire.


Encore un texte désabusé, un de plus. C’est plus facile à écrire.


Je lis Gonzo Highway, Acid Test, Le vagabond américain en voie de disparition. Dans ces livres, une invitation à ne plus penser, à faire enfin. Difficile dans notre temps où les rêves restent rêves (et je rêve à nouveau depuis que je bois moins). J’aimerais avoir vécu à cette époque. Nostalgique d’un temps que je n’ai pas connu. De sa musique aussi.

22 août 2007

Rien n'est plus étrange que la mort

Est-ce la peine de préciser pour qui?

Rien n'est plus étrange que la mort
Que regarder une photo et y voir un ami
Et penser qu'il y est figé
Et penser qu'on ne le verra plus bouger
Mais seulement sourire sur un bout de papier
Et pourtant lui sourire en retour, lui parler
Et, sans être heureux, penser aux bons moments,
A ce temps trop court passé ensemble
A tous ces bons moments, ces deux putains d'années
Où, avec toi, on s'est marrés.

Mais on continue,
                           sans toi.

Souvent, il y a des silences où, à toi, tout le monde pense
Ou plutôt à ton absence, lourde, pesante
Et encore, chacun pense "s'il avait été là..."
Si t'avais continué, si t'étais resté
Juste cinq minutes de plus.
Le temps d'une dernière clope ou d'un dernier joint.
Le temps d'une dernière bière, d'une dernière chanson.
Le temps de te dire au revoir, à bientôt.

16 juillet 2007

L’Embouteillage.

Toute ressemblance avec des personnes réelles serait purement fortuite

           Je me suis tapé 45 minutes de voiture pour qu’on me dise que mon rendez-vous est reporté. Dire que j’avais réservé ma journée, maintenant elle est bien niqué, ma journée. Je remonte dans ma caisse. Avant de démarrer j’allume une clope et je mets la radio, que des chansons fades, milles fois entendues qui ne me procurent plus aucune émotion. Je démarre, pressé de rentrer chez moi avec une folle envie de ne rien faire. Je m’engage dans ce qui doit être le boulevard le plus fréquenté de Nice. Y’a des travaux, donc embouteillages, la file de voiture devant moi est plus longue que la verge de Yannick Noah. Le soleil tape côté conducteur, mais j’ai la flemme d’enlever mon manteau. Je finis par le faire quand je sens la sueur perler sous mes aisselles. Ca n’avance pas, mais alors pas du tout. Ce feu, infatigablement rouge, ces ouvriers arabes et portugais qui semblent ne rien faire, cet employeur qui a une urgence au dernier moment, est ce que tout ça aurait été mis en place uniquement pour me faire chier ? Un moment cette hypothèse de conspiration me semble être la version la plus  rationnelle. Je change de radio et rallume une clope. J’ouvre la fenêtre et envoie un mélange de goudron et d’air climatisé dans l’atmosphère le tout accompagné par une chanson de merde. Depuis 15 minutes que je suis là, je n’ai pas l’impression que le feu soit passé au vert. Je commence à me tortiller dans tous les sens, comme pris dans un filet. Je ne peux rien faire, ni marche arrière, ni demi tour, ni me garer. Je commence à boxer mon volant, mais ça m’énerve encore plus car celui-ci n’est pas moelleux et me fait mal aux poings. Je me surprends à rêver d’avoir une voiture volante pour surpasser tout ces glands qui comme moi attendent leur tour. Ouais, une voiture volante, comme celle du rouquin dans Harry Potter. Ca me fait penser, est ce qu’un roux peut porter plainte pour discrimination si on lui refuse un emploi, ou un logement ou l’entrée en boîte de nuit à cause du seul fait qu’il soit roux. Probablement pas, on lui dirait que ses ancêtres rouquins n’ont pas subi l’esclavage et qu’il doit donc accepter de l’avoir dans le cul. Je note ça dans ma tête en sachant pertinemment que je n’irais jamais vérifier. Je change de radio et je fume clope sur clope, j’en ai presque la nausée. Etre bloqué dans un embouteillage ça me donne des envies de meurtres. J’imagine que le scénariste de Chute Libre a du être pris dans un putain d’embouteillage et que ça lui a donné l’envie de sortir de sa voiture pour aller envoyer se faire foutre à coups de flingue le moindre branleur qui se serait dressé sur son passage. Y’en a que le bonheur inspire, ce mec là ça doit être la frustration. Et c’est vrai que je ne demande qu’un peu d’action cinématographique. Genre, une petite racaille de 16 ans tente de me voler à la portière, et là je sors mon colt python 357 magnum (chromé le colt) de la boîte à gant et je lui fais sauter la cervelle à l’intérieur de son casque, puis je descends de ma voiture pour abattre de sang froid son complice qui attend sur un scooter volé. Pendant que je dépoussière l’épaulette de mon costar noir et blanc, la caméra fait un close-up sur mon visage. Une petite musique commence, un truc bien péchu avec une grosse ligne de basse. Je remet mes Ray-Ban Aviator et m’allume une cigarette avec un gros zippo. Et là arrêt sur image, début du générique. Mais je n’ai pas de colt dans ma boîte à gant, ni de Ray-Ban, et je ne porte pas de costar noir et blanc. Et si une petite racaille de 16 ans tenter de me voler à la portière, je me demande bien comment je réagirais. Depuis le début j’ai peut-être avancé d’une dizaine de mètres. Suis-je le seul à perdre patience, ou bien tous les autres trouvent la situation normal. Je laisse mon esprit vagabonder.  J’essaye de me rappeler du dernier film que j’ai vu au cinéma, mais impossible de m’en souvenir. Tout ce dont je me souviens, c’est que j’étais avec ma copine et que c’était quelques jours avant qu’elle me largue sans crier gare. Pour ne pas révéler son identité nous l’appellerons la « grosse pute » . C’est vrai que sur le coup je l’ai joué tranquille, genre : « ok, je comprends,…mais oui bien sûr qu’on reste amis. » . Mais c’était avant de prendre du recul et d’être arrivé à la conclusion simple et évidente que ce n’est qu’une grosse pute. D’ailleurs, c’est bientôt son anniversaire, j’ai déjà prévu de ne pas l’appeler et logiquement de pas lui acheter de cadeau. En vérité, j’aimerais l’appeler pour lui dire : « Salut grosse pute, je ne te souhaite pas un joyeux anniversaire. J’ai hâte de te voir pour ne pas te donner de cadeau ! » Mais ça serait perçu par ses copines, qui sont aussi mes copines, comme un acte complètement con et puéril, et ça me grillerais totalement mes chances de me taper l’une d’elles. Et Dieu sait que je me taperai volontiers sa meilleure amie pour qu’elle comprenne à quel point je pense que c’est une grosse pute et à quel point je suis déterminé à lui faire du mal. Elle m’a fait comprendre qu’elle avait besoin de changer d’air, pour peut-être se rendre compte de la chance qu’elle a de m’avoir. Dans son langage, sa veut dire qu’elle veut se faire troncher par un panel de bites suffisamment large pour pouvoir s’engager avec un mec sans regrets. Je ne souhaite que ça, qu’elle enchaîne les branleurs ratés dénués de personnalité pour enfin revenir en rampant à mes pieds. Et là je me ferais un plaisir de l’envoyer se faire foutre. Mais je me fais des films, elle m’a déjà oublié et au moment ou je vous parle, elle est sans doute au fond d’un train, ou d’un vieux grenier, en train de se faire ramoner par un nègre avec une bite de la taille d’un bras d’enfant. Néanmoins, conne comme elle est, je l’imagine m’inviter à son mariage, juste pour que je lui dise : « Je ne te félicite pas. Je vous souhaite tout le malheur du monde à toi et à ton branleur de mari, et au fait ? T’as réussi à avoir un orgasme ou t’es toujours bloqué ? Non ? Quel dommage ! Et oui je repensais à ça au moment ou j’allais venir sur le visage de ta mère… » . Je décide de penser à autre chose, effrayé par ce que pourrait inventer mon esprit tordu. Au loin on entend une guerre de klaxons. Un scooter remonte sereinement la file de voiture, j’aimerais être à sa place. Je change de radio, je rallume une clope. Le feu est toujours rouge.

16 juillet 2007

Les dents serrées

Au temps où on lisais Ellis

« Pourquoi je devrais aller voir un psy ?

-  Ecoute, on t’expliquera plus tard. »

Je raccroche au nez de mon père. Aller voir un psy ? Pourtant je suis normal. Tellement normal que ce soir je vais à une soirée étudiante. Jeudi soir, obligation de s’amuser, ça me fait gerber, mais je me force à faire comme tout le monde.

J’y suis. Le lieu-dit est un gymnase, boîte de nuit de fortune. Un gars que je méprise, mais qui ne le sait pas, s’approche de moi. Il me dit quelque chose, je n’entends pas alors je hoche la tête. Il n’a pas l’air satisfait. Je m’en fout. Je paye, je rentre.  Beaucoup de monde, hommes et femmes, beaucoup de sueur, ça me rappelle, vaguement, la vidéo du gang bang sur laquelle je me suis branlé avant de venir . Un faluchard m’emmerde déjà avec une seringue pleine d’alcool. Infidèle à moi-même je joue le jeu. Je repère des potes. On commence à danser entre mecs, c’est pitoyable. Chacun scanne la foule à la recherche d’une quelconque  fille un peu mignonne, susceptible d’accepter une danse serrée. J’en vois une, elle est jolie mais elle ne me plait pas . Peu importe elle me regarde, une fois, puis deux. J’y vais, je le sens bien. Bon la fille s’est tirée à mon approche. Quelle pute. J’ai besoin de me remotiver. Je vais au bar qui est open voir quelques connards de faluchards (ça rime), en vérité il me faudrait un joint. J’oublie cette idée. Je retrouve mes fidèles au milieu de la piste , toujours aussi net mais le ventre plein. Seulement j’ai plusieurs longueurs de retard sur la plupart des plébéiens présents. Et sans que je me rende compte de rien, la population est devenue fortement masculine, la phase descendante de la soirée commence à se faire sentir, je peux presque la toucher. Des mecs bourrés créent des mouvements de foules qui me font entrer en contact avec le corps moite et vil d’étudiants idiots. Un gamin avec un look hippie-skater me touche de la main. S’en est trop, faut que je me casse d’ici, avant que je cède à la tentation d’enfoncer mes ongles dans le cou d’une blouse blanche de manière à séparer son œsophage du reste de son corps. Dans l’action sa carotide se sectionnerait certainement entraînant un geyser de sang. Variante d’une soirée mousse. Ces images dans ma tête m’apaisent un instant, comme une tisane au coin du feu, ou une dose de  drogue dure dans un squat sordide. Quelqu’un me prend sous son bras, encore un con de jeune que je ne connais pas, il pue la vodka , le rhum,  la banalité et la pauvreté. Il s’est fait beau pour la soirée mais il est affreusement moche :

« Toi et moi on est pareil, mec, je suis tout à fait d’accord avec toi.

-  Ne me touche pas, je préfère pas, je voudrais pas me salir tu comprends.

-  Je m’en fous  de tout ça, tu vois.

-  Non je vois pas du tout. Je vois pas pourquoi tu dis qu’on est pareil, je te connais pas et tu ne me connaîtras jamais. Personne ne connaît jamais personne . Je te déteste, je déteste tes amis, je déteste ta famille. Je déteste la race à laquelle tu appartiens et le monde dans lequel tu vis.

-  Arrête, tout ça , ça sert à rien , mais ?,.., ok . »

Il a continué à sortir des bouts de phrases décousues. De toute façon avec le bruit, je pense qu’il n’a rien entendu. Il me répugne. Une idée me vient alors. Combien de temps pourrait il se passer avant que quelqu’un m’interrompe si je commençais  à égorger les gens qui m’entourent en commençant par ce type. Quel massacre, rien que d’y penser ça me fait marrer.

Je recroise la fille de toute à l’heure . Elle a pas froid au yeux, elle s’approche et commence à me parler. Elle me dit qu’on a un ami en commun, mais je pige rien à ce qu’elle raconte. Un flirt s’installe. J’en oubli que je l’ai traité de pute . Je lui dit que je vais rentrer. Elle me dit qu’elle veut venir avec moi. Je ne dis rien alors elle me suit.

On arrive chez moi. Elle me prend la main.

Elle rigole nerveusement, je devine qu’elle n’a jamais fait ça. Moi non plus. On s’embrasse frénétiquement. Personnellement, je me force à avoir l’air impatient, mais pas l’ombre d’une excitation. Pourtant je finis par bander. Elle suce plutôt bien, ça me motive. On baise. Je finis par éjaculer hors d’elle dans ma capote. Elle me câline comme si elle m’aimait. Peut être pense-t-elle à un autre mec, à vrai dire je m’en fout. Désormais sa présence m’insupporte, j’ai qu’une envie c’est qu’elle se casse. C’est mal parti, elle s’assoupi dans mon lit étroit et s’endort rapidement. Au bout d’une heure à la regarder, une idée me vient. Je vais chercher un tube de colle dans un tiroir. En prenant bien soin de ne pas la réveiller, je bouche ses narines avec la glue, je fais de même avec ses lèvres. Privée d’air elle se réveille rapidement. Je maintiens ses lèvres pincés, le temps que la glue sèche. Avec le poids de mes jambes je l’empêche de se redresser. Elle se débat furieusement, me griffe, me frappe, mais je suis insensible. Elle arrive à me faire tomber, mais la colle est déjà sèche. Ça fait presque une minute qu’elle ne respire plus, pourtant cette catin a de la suite dans les idées. Elle attrape un ciseau qui traînait sur mon bureau. J’ai peur qu’elle me plante. Mais non, ce n’est pas son intention, par instinct de survie elle se troue la joue, et se met à respirer bruyamment. L’air qui passe par le trou fait des bulles de sang. Je m’approche d’elle. Je bande tellement que ça me fait mal. Elle est maintenant trop faible pour se défendre et tombe à moitié dans les pommes. Au bout de trois essais je parviens à lui briser la nuque. Je la baise à nouveau. Vaginalement d’abord  puis analement. L’idée me vient de pénétrer le trou dans sa joue et de jouir dans sa bouche. Mais ses dents sont  serrées. Je me contente de souiller son visage.

Je m’endors à côté d’elle.

Je me réveille, seul dans ma chambre, excité, mais aussi frustré par l’irréalité de mes actes. Je me branle, deux fois. Ca va mieux. Demain j’appelle mes parents.

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4 juin 2007

Nostalgia in Tolstoï Square

9h15. Le réveil hurle à la mort, annonçant encore une journée de merde. Cette gueule de bois m’empêche de savoir si j’appartiens à la réalité ou si je suis encore dans un rêve (fille, fric, meurtre). 9h35, c’est le point de non retour, j’ai hésité quelques minutes de trop, mais maintenant je n’ai plus besoin de me poser la question. Je n’aurais pas cours de la matinée et pourrais retourner à ma torpeur deux heures de plus.

C’est en me levant que je sens les cicatrices de ma soirée passée. Passée à quoi déjà ? Tout redevient subitement net. La nuit, les bières, les Irlandaises, les fous rires, les bières, les voitures ouvertes, du moins une sur huit, les bières. Passage aux chiottes, petite remontée de rire. Je ramasse mon gel douche, et tout en me rappelant que je n’ai pas choisi son parfum (raisin) par hasard, le Roxanne-you-don’t-have-to-put-on-the-red-light résonne dans ma tête, faisant par ailleurs résonner les bières dans ce corps où elles ont laissé leur peau. Au même moment à quelques kilomètres, un Irlandais retrouve lui aussi la mémoire, Oh my God.

En parcourant le salon jonché de canettes en verre, dont la présence est certainement plus liée à un quelconque orgueil, semblable à celui d’un faluchard exhibant ses trophées, qu’à une flemme passagère, une nouvelle musique correspondant à une autre partie de la soirée s’immisce dans ma tête, une musique qui apporte son lot de pensées : le sourire victorieux et les yeux pétillants de Seb, cette scène surréaliste où je le retrouve en pleine rue un balais et une paire de claquette dans les mains, celle où deux jeunes vivant une réalité alternative poussent en plein cours Zola une voiture subtilisée. Il y a des fois où on ne se rend pas compte du danger de monter dans une voiture conduite par un Irlandais déviant sans lunettes et bourré aux as, qui plus est, muni d’un permis non français. C’est ce genre de soirée qui lie les gens. C’est elle aussi qui rappelle que cette année a été ponctuée de nombreuses situations mémorables. Pourtant le début de l’année n’était pas si prometteur.

L’année 2006-2007 avait tout pour séduire : des appartements, des emplois du temps allégés, des vacances prolongées et toujours plus de black-out orgies. Les crémaillères s’annonçaient nombreuses et tueuses, l’alcool coulerait du robinet, l’herbe pousserait dans les placards. J’avais rêvé de ça. La règle du « toujours plus loin, toujours plus longtemps » n’avait pas été respectée. Même si les écureuils étaient souvent dans ma tête, et les dolipranes guérissaient régulièrement mes maux de cheveux, les mines ne se comptaient plus qu’à une seule par semaine et les open-bars étaient décevants (quadrilogie, c’est fini). "The times they are a changin" révélait un brin de nostalgie dans mes pensées. Les temps avaient bel et bien changé. La situation s’est néanmoins améliorée après les vacances de Noël, où le taux croissant de THC dans mon cerveau combiné à la quantité de sang par litre d’alcool s’est stabilisé à une valeur acceptable.

L’ivresse est salvatrice. Pourtant, une gueule de bois de plus et je vais mourir. C’est sûr j’arrête de boire. Demain.

3 juin 2007

Une vision

Elle a transpercé la foule pour venir s’asseoir sur la banquette à coté de moi. J’ai refermé mon livre en laissant un doigt à l’intérieur pour garder la page et je l’ai regardé. De ma place, je la voyais pas bien, un peu son visage de profil mais pas son corps, c’était trop pour un matin comme celui là. J’étais pas préparé à tant d’émotions. Pas lavé, pas réveillé, retournant me coucher, essayant de lire un peu, j’en demandais pas tant. Un dixième de cette vision aurait suffi pour traverser le gris du ciel toute la journée, envoyant un rayon de lumière pure sur moi. Combien crèvent en la regardant en ce moment ? Je regarde autour. Personne ne réagit. Mais qui sont-ils pour mépriser un don de dieu ? Des lâches morts de trouille. Moi aussi et je regrette de ne pas être saoul. Au moins je serai allé lui parler. Pour rien bien sur mais j’aurais connu quelques instants de bonheur, vu son sourire, je lui aurai rendu, je l’aurai fixé bêtement, baissant les yeux de temps à autre. Ç’a m’aurait suffi. Je n’aurais pas été capable de supporter plus. La voir et la regarder et la désirer et désirer le bonheur et quelques instants près d’elle, c’est déjà trop à 9 heures du matin. J’aimerais la voir se déshabiller le soir et s’habiller le matin. Je dois descendre, j’ai envie de rester dans ce tramway pour passer le plus de temps possible avec elle. Je n’ose pas et je descends en la regardant. Elle lit. Elle ne me voit pas. Dehors je reste à la regarder en attendant que le tramway l’emporte et ne la chasse pas de mes pensées.

Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici! trop tard! jamais peut-être!
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
O toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais!

Je me sers un verre d’eau, j’allume la télé et une cigarette. Quelques clips, de la musique de merde, des dessins animés et rien d’intéressant. Je me sers un verre de vodka limonade. J’allume mon ordinateur. J’ouvre un porno que je viens de finir de télécharger et me masturbe en le regardant. Je ne pense à la vision de ce matin qu’au moment où j’éjacule. Après m’être lavé les mains et la bite, je vais finir mon verre en fumant une cigarette sur le balcon. Quand elle est fini, je me déshabille et jette mes habits par terre. Une fois en caleçon, je me couche et reprends mon bouquin. En le lisant, j’ai à nouveau la trique et commence à me branler puis je pose le livre et cette fois je ne pense qu’à elle. Je m’endors tranquillement.

Je me réveille vers midi. Je reste plus d’une heure dans mon lit à regarder le plafond dans le noir complet avant d’aller me laver. Je me douche longuement. Je m’en veux.

Je vais faire un tour dans la rue, espérant la croiser à nouveau, mais j’ai beau arpenter les rues prendre des bus au hasard, refaire le même chemin en tramway plusieurs fois, je ne croise rien qui en vaille la peine alors j’achète une bouteille de vin à 2,37 € et une autre à 3,24€.

J’ai l’alcool triste ce soir. J’appelle des amis. Je reste longtemps devant cet ordi à écrire ces pauvres lignes. Faites en ce que vous voulez. Ce n’est plus mon problème. Je cherche à nouveau une apparition.

29 décembre 2006

Lucid Trip Part I

Si je voulais raconter cette histoire, je ne saurais même pas par où commencer, tant cette rencontre fut pour moi bouleversante. Bouleversante, pas dans le sens, les larmes coulent, votre souffle devient irrégulier et le lendemain tout va bien. Non, disons bouleversante dans le sens où en quelques instants une personne, qui parait totalement ordinaire, vous apporte une réponse avec une facilité déconcertante à une question que vous vous posez depuis toujours. Peut être seulement depuis que vous avez pu admirer dans la glace de votre salle de bains ce magnifique premier poil qui venait de pousser sous votre bras. Quoi qu’il en soit c’est le genre de question qu’on essaye d’oublier en grandissant. Le genre de question qui a toujours provoqué chez nous un malaise imperceptible, la sensation qu’un gouffre s’ouvre sous nos pieds. Peut être parce que cette question est simplement une question sur la vie. On peut en rire bien sûr. On peut tenter de repousser cette idée en traitant tout ça de foutus balivernes. Mais  nous restons intrigué, inévitablement. Aussi profondément que nous ayons enterré ces questions, elles n’en sont pas moins là, en nous même. C’est un peu ce que je pensais avant de m’asseoir dans ce foutu canapé.

Ce jour là, après un petit déjeuner des plus étranges - où je fixais ma tartine de beurre en me demandant comment celle-ci pouvait avec une facilité déconcertante accepter le sort qui lui était réservée -, je me sentis tout à coup épris d’une sensation tout à fait nouvelle. Quand j’y repense maintenant, les paroles de Dean ont pris en cet instant là tout leur sens caché. « C’est la concrétisation de ces facteurs qui dépendraient au premier chef de la dichotomie de Schopenhauer pour une part intimement accomplis… ». Et de surcroît il avait totalement raison. Ces putains de problèmes qui se présentent à votre esprit sans demander la permission d’entrer dans votre tête, qui vous triturent les neurones de l’intérieur sans même que vous sachiez de quoi ils retournent.

En tout cas les faits étaient là, et je pris la décision de faire mon sac et de partir sur le champ. Je savais que je trouverais des réponses ailleurs et pas devant ma tartine de pain beurre qui c’était soudainement mise à parler et même à chanter sur un vieil air de Céline Dion. Je quittais mon appartement sans regarder derrière moi, ce qu’à priori tout les gens normaux font quand ils sortent de chez eux, mais là c’était différent. Je tirais de ma poche un magnifique pouce fraîchement nettoyé et fraîchement manucuré, que je tendais aux passants en marchant sur le bord de la route. D’après une étude sérieuse d’un scientifique canadien que j’avais pu lire dans un magazine récent, il était démontré qu’il était plus facile de se faire prendre en stop avec les mains propres et les ongles bien coupés. J’appliquais donc à la lettre ces nouveaux principes sachant que de toute façon, je n’avais rien à perdre. Et le plus fou c’est que ça marchait. Je n’eu qu’à attendre une dizaine de minutes avant que quelqu’un ne s’arrête à coté de moi et accepte de me prendre sur son dos. C’était un type vachement sympa, Henry Dales, un hobbit de la contrée ouest qui partait rejoindre sa femme et ses deux filles dans une ville du nord. Nous nous séparâmes au niveau de Green Wood. Je descendais de son dos, le remerciais de m’avoir porter jusque là et décidais de m’arrêter un moment.


La région était réputée pour sa bière et ses drogues de fort bonne qualité. Bien qu’à l’époque je n’avais pas encore expérimenté mes trips mystiques les plus insolites, j’étais excité de pouvoir trouver ici quelques portes ouvrant sur des matrices parallèles. Raoul Duke l’avait bien dit, il faut à tout voyageur des chaussures de golf si celui-ci veut survivre aux affres de son voyage. J’en trouvais de très belles que je payer huit dollars à un marchand irlandais. Ce qui me laissait trois dollars pour prendre un bon petit déjeuner mais sans tartine de beurre cette fois. Complètement rassasié, je décidais de faire une sieste. Je trouvais un champ de coquelicot à proximité. Je me réveillais deux heures plus tard prêt à reprendre la route.


28 décembre 2006

Feeling that same old way

Je tends la main vers le cendrier. Je sens pas mal de cul de joints, j’en trouve un assez long, pas loin d’un demi-pet. Je l’allume. Je le fume tranquillement. La musique marche déjà ou plutôt encore: elle a tournée en boucle toute la nuit. Il y a pas mal de lumière dans la pièce, ça doit être 10 heures ou pas loin. Je reste allongé encore, je fume d’autres cul de joints mais plus petit, avant d’aller pisser. Rémi est pas là, il a du aller acheter des clopes, on en avait pas assez hier soir, alors je regarde un truc sur l’ordi, une série à la con. Il revient avec du pain et un pack. On mange et on boit nos premières bières. On regarde des conneries au moins deux heures avant de bouger en ville. On attend le bus des plombes sous la chaleur. En ville, on va traîner chez les disquaires, écouter des disques sans les acheter, puis chez les libraires, lire des bds, de la poésie, des bouts de bouquin mais sans rien acheter, toujours. J’aimerais bien pourtant, des comics de Clowes qui coûtent le prix de 4 poches par exemple mais j’ai toujours choisi la quantité, comme un con.

On va se poser sur les marches de l’opéra avec un autre pack. On regarde les gens passer, une manif à vélo, des potes qui passent et qui sifflent une kanter puis repartent, des jolies filles qui ne nous regardent pas, il commence à faire froid ; on rentre. J’achète un paquet de clopes. On prend des kebabs. On passe deux, trois coups de fil pour ce soir. Des gens passeront chez Rémi, je vais squatter chez lui encore un jour ou deux. Le soir arrive, des gens passent, on fume des joints, on parle, Yann joue de la guitare sans dire un mot dans un coin. Rémi se tape encore une douille. On parle, on rit, on s’effondre sur les matelas, fatigué, défoncé, on se relève, on pisse, on boit un verre d’eau ou une bière, une clope ou un joint. On continue. Quelques uns dorment ici, certains s’en vont, d’autres arrivent puis repartent. Cet appart ne fait que 21m², l’air n’est que fumée, le balcon est trop petit, il fait chaud, un verre de vin blanc frais, j’effrite, je roule pour m’occuper même si je ne compte pas fumer plus. Quelqu’un se propose pour aller au McDo, je l’accompagne, je fume mon joint dans la voiture, on ravitaille tout le monde, il est 2h30, je suis las, on continue, on ne sait pas quoi faire d’autre.


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